Koloubohom ma´na wa Kanabilohom ´Alayna - قلوبهم معنا و قنابلهم علينا

Intronisée « reine du roman arabe » par Khalida Toumi, ministre algérienne de la Culture, reconnue pour être la romancière arabe la plus lue et la plus influente (plus de 2 300 000 exemplaires vendus - magazine Forbes, 2006), détentrice du prix Naguib Mahfouz (1998) pour son premier roman emblématique de 1993, Zâkirat al jasad (Mémoires de la chair), élue Femme arabe la plus distinguée de l'année 2015 (Londres), et on en passe des titres et des distinctions, Ahlem Mosteghanemi aura dû, avant d'arriver à cette consécration, forcer la main au destin.

Ahlem est née à Tunis. Ce n'est qu'à l'âge de 9 ans qu'elle découvre son pays, l'Algérie. L'indépendance a été déclarée, et son père, militant indépendantiste, peut alors forcer les barrières de l'exil politique. Devenu haut cadre dans le gouvernement de Ben Bella, le père d'Ahlem subira les contrecoups du putsch mené quelques années plus tard par Boumedienne. Les répercussions d'une tentative d'assassinat et un climat délétère de lutte pour le pouvoir affaiblissent notablement sa santé. La jeune Ahlem retrousse alors les manches…

Dès l'âge de 17 ans, elle anime à la radio algérienne une émission poétique quotidienne qui lui vaut un certain renom. À 20 ans, elle publie son premier recueil de poésie, 'Ala marfa' al ayyâm (Au havre des jours) ; trois ans plus tard, son second : Al kitâba fi lahzat 'ouray (L'Écriture dans un moment de nudité). Le problème, c'est que l'arabe est considéré comme une langue sacrée. Or voici que cette jeune femme, non seulement s'exprime en arabe mais y soulève des sujets considérés tabous. C'est ce double handicap d'exil linguistique et de ségrégation sexiste qui plus tard lui interdira de préparer un doctorat en littérature arabe. Ahlem s'envole alors pour Paris.

Elle y résidera pendant quinze ans, qui la verront obtenir à la Sorbonne un doctorat en sociologie sur « l'image de la femme dans la littérature algérienne », collaborer avec divers magazines, élever trois garçons aux côtés de son époux, un journaliste libanais rencontré à Alger.

Pourtant, en 1993, Ahlem Mosteghanemi choisira un nouveau pays comme terre d'accueil : le Liban. Normal, son compagnon de vie est libanais, mais aussi, c'est le Liban qui a le premier reconnu son talent et c'est du Liban que l'auteure de Mémoires de la chair a conquis le monde.

Sa prose poétique, savourée par une multitude de lecteurs qui ne cesse de croître, raconte des histoires d'amour et de combat contre l'injustice, la corruption, l'intégrisme et le sexisme.

Mémoires de la chair s'épanouira en trilogie avec Fawda al hawass (Le Chaos des sens, 1997) et 'Âber sarir (Passager d'un lit, 2003), deux nouveaux best-sellers. Après le tendrement ironique guide destiné aux femmes et interdit aux hommes, Nessyan.com (Oubli.com ou L'Art d'oublier, 2010), ont paru un roman, Le Noir te va si bien (2012), et dernièrement, un nouveau recueil de poèmes, 'Alayka al lahfat.